Petite Pensée du vendredi n° 4

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le temps

Le temps c’est la vie. Notre capital-temps est le bien le plus précieux que nous possédons. Être conscient de la valeur du temps et l’exploiter pour mieux être et mieux agir est une exigence de la foi.

Sénèque disait : « Notre temps nous est en partie dérobé, en partie subtilisé et ce qui reste se perd sans qu’on y prenne garde ».

Mieux gérer son temps c’est saisir le sens de son existence. Chaque instant qui passe nous rapproche davantage de notre rendez-vous  inéluctable avec Dieu. Le pire d’entre les perdants est celui ou celle qui aurait été insouciant vis-à-vis de son Devenir et qui aurait gaspillé sa vie dans des futilités.

Le Prophète (PSDL) a dit : « Il y a deux bienfaits que de nombreuses personnes n’apprécient guère à leur juste valeur et ne les utilisent pas à bon escient : la santé et le temps libre ».[1]

Le temps du musulman – conscient de ses responsabilités – doit être comme un budget qu’il dépense de manière intelligente. S’il se montre négligent et insensible à la perte du temps en le gaspillant à tort et à travers, il participe à sa propre perte par cette attitude irresponsable.

Chère sœur, cher frère, prenez le temps :

  • Prenez le temps de choisir vos amis, de fréquenter les meilleurs moralement et spirituellement, c’est le secret pour approfondir sa foi et l’intensifier. Le Prophète (PSDL) a dit : « Chacun a la même intensité de foi que son ami le plus intime. Choisissez donc vos amis avec soin »[2].
  • Prenez le temps d’évoquer Dieu, c’est le meilleur moyen pour apaiser son cœur. « N’est-ce point par l’évocation de Dieu que s’apaisent les cœurs ? »[3].
  • Prenez le temps de lire, c’est la clé du savoir. Prenez le temps de vous former, c’est la voie pour se réformer.
  • Prenez le temps de lire le Coran, le méditer et le goûter, c’est le festin spirituel auquel Dieu invite les êtres humains.
  • Prenez le temps d’agir, de persévérer et de déployer les efforts nécessaires, c’est  la voie de la réussite. Mais prenez surtout le temps de réfléchir, d’élaborer une stratégie d’actions avant d’agir.
  • Prenez le temps de donner et de partager. Parmi les témoignages de la sincérité de la foi, le don est le plus concret et le plus quotidien.
  • Prenez le temps d’aimer uniquement pour l’amour de Dieu, ainsi que d’être aimé, c’est une grâce de Dieu.
  • Prenez le temps de prier, c’est le moyen privilégié pour dialoguer avec Dieu, développer son intimité avec Lui et goûter la douceur de la foi.

[1] Rapporté par Boukhari selon Ibn Abbas.

[2] Rapporté par l’imam Ahmed, Tirmidhi, Al-Bayhaqi et Al-Hakem selon Abou Hourayra.

[3] Coran : S. 13, V. 28.

La prière de l’éclipse : une sunna fortement recommandée

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eclipse

Ibn ‘Abbas dit : « Le soleil s’est éclipsé au temps du Prophète (saws). Il a accompli la prière. Il est resté un long moment en position debout, le temps de lire sourate « Al Baqara ». Ensuite, il s’est incliné pendant un long moment. Ensuite, il s’est redressé et s’est tenu debout (pour la récitation) un long moment mais plus court que le premier. Ensuite, il s’est incliné pendant un long moment mais plus court que la première inclinaison. Ensuite il s’est prosterné. Ensuite, il s’est tenu debout durant un long moment mais plus court que la première fois. Ensuite, il s’est incliné pendant un long moment mais plus court que la première inclinaison. Ensuite il s’est redressé et s’est tenu debout longtemps mais moins longtemps que la fois précédente. Ensuite, il s’est incliné durant un long moment mais plus court que la fois précédente. Ensuite, il s’est redressé, puis prosterné. Il a conclu la prière alors que le soleil était dégagé, il a fait, alors, un sermon aux gens » (rapporté par al Boukhari et Mouslim).

– Les savants s’accordent à considérer la prière de l’éclipse  comme étant une sunna fortement recommandée pour les hommes, ainsi que pour les femmes. Il est recommandé de la faire en commun conformément au hadith relaté par al-Moughira ibn Sho’ba dans lequel il dit : « le soleil s’est éclipsé au temps du Prophète (saws), le jour de la mort de son fils Ibrahim (que la paix soit sur lui) en l’an 10 de Hégire. Les gens dirent alors : « le soleil s’est éclipsé pour la mort de Ibrahim ». Le Prophète (saws) dit alors : « Le soleil et la Lune sont deuxsignes parmi tant d’autres de Dieu. Ils ne s’éclipsent ni à la mort ni à la naissance de personne. Quand vous voyez cela se produire, implorez Dieu et priez jusqu’à la fin de l’éclipse » (rapporté par al-Boukhari et Mouslim).

– Elle se compose de deux rakaas. Chaque rakaa comporte deux « Qiyam » (position debout pour la récitation) et deux inclinaisons conformément au hadith ci-dessus. Le temps légal de cette prière commence du début de l’éclipse solaire ou lunaire et s’étend jusqu’à son terme.

– Le sermon après les deux rakaas est une condition de validité de cette prière pour ash-Shafi’i, une sunna pour Abou Hanifa et Malik uniquement après la prière de l’éclipse solaire. Il s’agit de deux sermons dans lesquels le « takbir » est remplacé par le « istighfar » (imploration du pardon divin).

– Cette prière peut se faire aussi bien à voix haute qu’à voix ou basse, mais la faire à voix haute est plus fiable comme l’estime al-Boukhari. La récitation à voix haute est d’autant plus recommandée pour la prière d’éclipse de la lune puisque ceci se produit pendant la nuit. Pour les châféites et mâlékites, la récitation du Coran se fera à voix basse et pour les hambalites, elle se fera à haute voix.

Source : Havre du savoir et doctrine malikite.

What does jihad mean ?

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jihad

Since 9/11, it has become the rule to amalgamate Islam and terrorism. Islam is henceforth considered a viscerally violent and warfaring religion.

Break down the Prejudices

A collection of words ending in « ist » are used to qualify Islam today. Terrorist, fondamentalist, obscurantist, radicalist, jihadist… A war of words is waged upon the Islamic faith, classifying it as a pathology and modelling the consciences of the masses.

In this text I suggest re-considering the real meaning of the word « jihad » in Islam. All the more as the jihadist argument is becoming worryingly widespread and that terrorism and islamophobia go together in the present context.

A certain number of negative clichés and rumeurs exist concerning Islam and the Muslims.

These prejudices come from an ignorance of the islamic religion, of its thinking and its peaceful and tolerant vocation. However, in order to break down the prejudices and to avoid just keeping only an essentialist vision, we need to define the concepts of Islam on the one hand and the concepts of jihad on the other, and to reposition them in their historical and political contexts.

What does Jihad mean nowadays?

Is Jihad an islamic form of terrorism ? Is Jihad an avatar for Islam ? Is violence inherent to Islam ? Is the islamic faith a disturbing element towards peace on earth ? So many questions that need clear and audible responses.

Mohammed Arkoun draws our attention to the fact that the word « Islam » is often translated into French as « soumission » (literally « submission» in English). However, islam, etomologically, in it’s original arabic language, means « delivering something to someone ». It would therefore be more exact to translate the word islam as « delivering oneself to, trusting totally, in God.

The islamic religion implicitely engages one to give up oneself, to surrender to God, rather than to submit. (active rather than passive)

The Qu’ran forbids forcing people into religious matters.

The word islam has also the etymological root »salam » which means peace. Peace is central in the Qu’ran « O you who believe, enter into islam wholeheartedly ! » [2]. Being at peace and advocating peacefulness are sacred.

In parallel to this, one of the glorious names of God is « Peace », and five times a day Muslims call upon God with this attribute in their prayers. Being in peace comes from an intimate relationship between the human being and God, as well as a strong spirituality.

Having defined Islam, let’s now look at its link to violence and in particular to the idea of Jihad.

The word « jihad » is often translated by « Holy War » whereas the term « holy war » translated back into the arabic language is « Al Harb al-Mouqaddassa ». This term does not exist anywhere, in none of the fundamental islamic texts, nor in any Islamicliterature.

 The incorrect vision of an islamic jihad dates back to the medieval crusades.

The idea of a holy war engaging Muslims, in the name of their faith, in a war of conquest in order to oblige people to convert to Islam does not exist in Islam. The Qu’ran expressly forbids compelling anyone over religious matters « Let there be no compulsion in religion » [3].

It would be impossible to propogate the Islamic faith by force, even when it is ardent and sincere, as that would go against the very essence of the message.

The Jihad : to exert an effort over oneself

 The word Jihad stems from the root « ja-ha-da », which means to make an effort, and does absolutely not correspond to violence. This effort consists in carrying out a victory over oneself, against our own violence, our violent attitudes. This is the greatest of all victories. This jihad, called generally « jihad an-nafs » « effort on ones ego » is central to muslim spirituality. It is this effort that enables us to control our violence and anger, thus lifting us morally and spiritually.

Indeed, Jihad can take the form of an armed effort : Al Qitâl, but this effort has always been strictly regulated.

Armed combat is only authorised in order to protect oneself, or in cases of legitimate defence. For 13 years at Mecca the Muslims used non-violence as a means of resistance in spite of being persecuted and isolated with the social and economical embargo.

Then when they got to Medina, God gave them permission to defend themselves « Permission is given to fight, because they are wronged, and verily God is the most powerful for their aid. They are those who have been expelled from their homes for no cause except that they say       « Our Lord is God ! » [4].

From the time this qu’ranic verse was revealed war was indeed authorised, but only under three conditions :

  1. In the case of legitimate defence, when all other means to stop the agression have failed.
  2. In the case of persecution, of property being taken.
  3. In order to free people from dictatorship.

Not one drop of blood

Omar Ibn Al-Khattab, the second calife after the Prophet Mohammed (Peace and benedictions upon him) freed Jerusalem from the byzantine occupation without a single drop of blood being shed.

Salah Stétié explains in his book « Culture et Violence en Méditerranée » (Culture and Violence in the Mediterranean region) :

« Islam was only really established – first of all through the entry of Calife Omar into Jerusalem in 636, then a second time through the reconquest of the town in the crusades by Saladin in 1187- managed throughout several centuries the whole of the heritage pacifically(…) The Christians of Jerusalem, like those of Syria, and later those of Egypt welcomed the Arabs as liberators, as witnessed by all the Christian historians of that time »(5)

Another interesting example is that of the Emir Abdel Kader, a hero of the Algerian resistance, who fought bravely against the French colonisation. He set himself up in the Syrian capital, and from there, played an important role in the riots of 1860. In the name of the Islamic faith, he saved thousands of Christians from being massacred. His exemplary behaviour provided him with numerous declarations of thanks and decorations (6).

The notion of jihad is therefore one of effort : an effort on oneself, an effort to gain knowledge, an effort in development….and absolutely never an ideology, which in claiming to be islamic, betrays the very vocation of peace and justice, and prones terrorism and assassinations as means of waging war.

The Qu’ran declares : « if anyone slew a person – unless it be in retaliation for murder – or for spreading mischief in the land, it would be as if he slew the whole people » [7].

Terrorism has no religion.

The sacred text is one thing, the reading and the interpretations that men make of it is another. Sacred texts can be instrumentalised by extremists of all kinds.

 Is Islam inherently violent ? Does the Qu’ran incite violent behaviour ? Or is it that men will pretext anything, including in God’s, the Prophet’s or the Qu’ran’s name to justify and legitimise their own violence and their own fanatism ?

It is important to point out that terrorism has no religion. However, what is striking Today is that the means of communication used by the jihadists to give their doctrine a planetary echo, attracts and recruits young people.

The jihadists use internet, especially the social networks and diffuse videos preaching hatred.

The video games such as « Call of Duty » are also used to charm young candidates to jihad. It should also be noted that jihadlsm is attractive to individuals with broken ties with their family and society at large or who are psychologically distressed.

The violence of jihadism in opposition to the violence of rejection

For youth with no guidance, jihadism is a career.

In view of these phenomena, with such serious consequences for our society, we should commit ourselves to favorising dialogue and mutual enrichment, refusing amalgams and combatting all ideologies preaching violence, provoking and legitimising terrorist crimes.

We should also favorise education and citizen participation in order to eliminate the conditions which encourage the proliferation of violence and the extremist way of thinking.

 Omar MAHASSINE, Imam

[1] M. Arkoun, Ouvertures sur l’islam, Grancher, 1992, p. 35.

[2] Qu’ran 2/208

[3] Qu’ran 2/256.

[4] Qu’ran: 22 / 39 – 40.

[5] Salah Stétié, Culture et Violence en Méditerranée, 2008, Imprimerie nationale éditions, p. 128.

[6] « L’émir et les chrétiens », Conference of 7th December 2004 at Lyon with Mgr TEISSIER and M. BOUTALEB

[7] Qu’ran: 5 / 32

Petite pensée du vendredi n° 3

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Le chemin de la foi est parsemé d’épreuves. Ces épreuves peuvent aider à fortifier et à approfondir la foi. Certes, nous traverserons tous des épreuves diverses et chaque jour qui passe amène son lot de joie et de peine. Parfois, on peut se trouver dans une épreuve rude sans voir le bout du tunnel.

Ali Ibn Abi Taleb (Que Dieu lui accorde Sa satisfaction) disait : « […] Que les épreuves ne t’affligent point, ni l’opulence ne te réjouisse. De même que l’or est épuré par le feu, le fidèle est façonné par l’épreuve ».

Quelle que soit l’épreuve, il est important de ne jamais désespérer et de garder confiance en le Clément, le Compatissant. De dialoguer avec Dieu, de reconnaître ses manquements et ses négligences, Lui confier ses faiblesses, Lui exprimer ses souffrances.  Dieu  est bon, Sa bonté est ineffable, Il prend soin de la moindre de Ses créatures, et écoute les supplications de qui l’invoque. « Si Mes adorateurs t’interrogent à Mon sujet, qu’ils sachent que Je suis tout près d’eux, toujours disposé à exaucer les vœux de celui ou celle qui M’invoque »[1].

Chère sœur, cher frère, ne faiblit pas devant l’épreuve, et ne te déclare pas vaincu dans l’adversité. Garde-toi du désespoir si, en dépit de tes intenses supplications, l’exaucement de tes demandes tarde à venir. Dieu t’a garantie une réponse favorable, au moment opportun et au moment où c’est le plus bénéfique pour toi.

A chaque moment de sa vie, le fidèle vertueux met sa foi et sa sincérité à l’épreuve. Être véridique sa quête de Dieu, entretenir relation intime avec Son Seigneur, la consolider et la renforcer est la voie pour être en paix, pour accéder à Son Amour et pour gouter la douceur de Sa proximité.

[1] Coran : S. 2, V. 186.

Ces femmes érudites qui ont marqué l’islam de leur empreinte

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Ces femmes érudites qui ont marqué l’islam de leur empreinte

Omar Mahassine est imam et animateur du blog Une foi, une éthique, un engagement. Dans un texte s’appuyant sur les sources historiques reconnues par les autorités religieuses de l’islam, il retrace le parcours des femmes qui ont durablement et définitivement contribué à l’édification du savoir dans la civilisation islamique. Une réalité historique encore largement ignorée du public.

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Dans un contexte où l’islamophobie bat son plein et où les femmes musulmanes se retrouvent au milieu de débats passionnels. Certaines voix s’élèvent pour  interdire l’accès à l’université, l’accès au savoir et à l’émancipation à cause du voile.

 Disons-le sans ambiguïtés : Dans le monde musulman aujourd’hui, les femmes musulmanes sont infériorisées, opprimées, marginalisées et répudiées au nom de l’islam. Pourtant, l’islam n’établit aucunement une hiérarchie entre les sexes.

Alors, La question se pose de manière insistante : Est-ce que les textes fondateurs de l’islam, en l’occurrence le Coran et la Sunna confirment l’oppression des femmes ? Ou bien c’est la lecture misogyne qui en est faite, qui est responsable de l’infantilisation  des femmes.

Des coutumes rétrogrades qui ont reléguées les femmes au stade de mineures ignorantes et dociles en leur interdisant l’accès à l’instruction et en leur refusant le droit d’aller à la mosquée.

La contribution décisive des femmes

Pour autant, le message de l’islam,  depuis sa première révélation, a conjugué à la fois la libération spirituelle et la libération sociale des hommes et des femmes afin de les sortir du carcan de l’ignorance et leur ouvrir les horizons du savoir. Le savoir est une quête qui incombe au croyant (e) de rechercher tout au long de la vie.[1]

En se penchant sur l’histoire du monde musulman, nous découvrons l’apport scientifique auxquelles des femmes musulmanes ont contribué. Les historiens ont consacré des ouvrages aux éminentes figures féminines qui se sont illustrées dans le domaine des sciences du hadith, du Fiqh, de l’exégèse, des lettres et de la poésie. Al-Hafid Ibn Hajar, dans son receuil « Al Içâba fi tamyiz aççahaba »[2] rapporte la biographie de 1543 femmes, dont des savantes certifiées, des docteurs de la loi et des  femmes de lettres.

De même, l’historien As-Sakhawy a recensé  plus de 1000 savantes distinguées dans son ouvrage intitulé « Ad- daw’e allami3 li ahli al qarn attasi3 »[3] (Le rayon doré de l’élite du 9ième siècle). Et bien d’autres qui ont consacré des ouvrages aux femmes ayant brillé dans différents domaines scientifiques tels que l’imam An-Nawawi[4], Al Khatîb Al-Baghdâdi[5] dans son livre « l’histoire de Baghdad », ou encore Omar Réda Kahala[6] dans son « Dictionnaire des femmes savantes célèbres ». Dans son ouvrage de référence « At-Tabaqat Al-Kobra»[7], Ibn Sa’âd consacre une section entière aux femmes savantes.

Aïcha, figure éminente des sciences du hadith

Depuis la période du Prophète (Paix et salut de Dieu sur lui), les femmes ont toujours manifesté une soif de s’instruire, d’aller à la quête du savoir et d’exceller dans les disciplines qu’elles pratiquaient. L’épouse du Prophète Aïcha, est l’une des figures les plus importantes dans les sciences du hadith, non seulement en terme de transmission d’un grand nombre de hadiths,  consignés dans le recueil Sahih Al-Boukhari, mais également l’une des interprètes les plus consultées.

Aïcha, était connue pour son érudition en matière de Coran, de sciences de la religion, de poésie et d’histoire. Urwa Ibn Az-Zoubeir rapporte : « Jamais je n’ai vu personne de plus instruit en matière de fiqh, de médecine ou de poésie que Aïcha »[8].

Le long des siècles, de nombreuses femmes se sont distinguées en tant que références dans plusieurs domaines du savoir, et étaient  consultées par les étudiant-e-s dans les plus grandes mosquées et universités. Contentons-nous de mentionner quelques noms célèbres de femmes savantes en islam :

  Oum Adardaa : (décédée en 81 H/700) était considérée comme la référence dans les sciences des hadiths et sa notoriété dépassait celle de célèbres savants tels Al-Hassan Al-Basri ou Ibn Sirine. Oum Adardaa enseignait les sciences des hadiths et le Fiqh (droit musulman) dans les mosquées aussi pour hommes que pour femmes.

Fatima fille de Hussein, fils de Ali : était l’une des femmes les plus savantes,(les plus intelligentes à enlever ) et les plus pieuses de son temps, si bien qu’elle était prise par Ibn Ishâq et Ibn Hicham comme référence pour la rédaction de la biographie du Prophète (Paix et salut de Dieu sur lui).

Sayyida Nafissa fille d’Al-Hassan : (née à La Mecque en 145/762) était formée auprès de l’imam Malik à Médine. Elle était connue pour son grand savoir et sa rectitude. Elle s’est établie en Egypte, et a créé un cercle académique qui attirait des sommités religieuses de la stature de l’Imam Chafiî, qui se concertait avec elle en matière de fiqh et de sciences de la religion.

Zaynab fille de Abass : originaire de Bagdad, fréquentait les assises de savoir de cheikh al-islam Ibn Taymia et était reconnue pour ses connaissances en Fiqh.

Chahda fille d’Al Abari : était une agrégée des sciences du hadith ; plusieurs ulémas de la stature d’Ibn Al Jaouzi et d’Ibn Qudama l’ont eue comme professeure.

Fatima Al Fihriya Oum Al Banîn : était une savante mais aussi une bienfaitrice, elle a construit la mosquée Al Qarawiyine à Fès au 3ième  siècle de l’hégire. La mosquée faisait office d’université, la première du genre dans le monde musulman.

De grands savants musulmans ont été formés par des femmes savantes tels que l’Imam Ibn Hajr, formé avec cinquante de ses compagnons à l’école de Aïcha Al-Hanbaliya et celle de Zaineb. L’exégète As-Soyouti, avait comme professeur de Fiqh chafiîte Hajar bint Mohamed.  L’historien Ibn ‘Asaker avait été initié auprès de 1200 savants et 80 savantes. De même que Al-‘Asqalani, Az-Zamakhchary ou encore Ibn Hazm.

La sclérose culturelle des musulmans

Les exemples foisonnent de brillantes femmes savantes,  qui ont déclenchés une vraie dynamique d’acquisition de savoirs et de sagesses,  de contributions aux différents champs de la science. Aujourd’hui, la réalité dans le monde musulman est toute autre,  la femme a tout simplement été reléguée en arrière plan, et doit se faire de plus en plus discrète et invisible. Les lectures sclérosées de l’islam et les coutumes aberrantes, qui ont marginalisé la femme, portent une grande part de responsabilité dans la décadence du monde musulman.

Après ce petit voyage dans l’histoire des femmes savantes dans le monde musulman, certes non exhaustive, mais dont la vocation est tout simplement de sortir du cloisonnement idéologique dans lequel l’actualité immédiate nous enferme. Et où les femmes musulmanes « soumises et stupides » devraient soit se justifier, ou bien s’excuser d’être ce qu’elles sont, tout simplement des femmes.

Il semble donc  important d’aller voir aux sources du message et faire l’effort de comprendre comment des femmes ont pu interpréter leur renaissance à la lumière de leur foi. Cette contribution n’est qu’une petite ébauche d’un travail qui mérite d’être approfondie, loin de toutes querelles partisanes.

Omar MAHASSINE

[1] « La quête du savoir est une obligation qui incombe à chaque musulman (e) » Hadith rapporté par l’imam Ahmed selon Anas Ibn Malek.

[2] « Al Içâba fi tamyiz aççahaba » (l’avis juste concernant le mérite des compagnons), édition  Al-Maktaba Al-‘Asriya, Beyrouth 2012.

[3] « Ad- daw’e allami3 li ahli al qarn attasi3 »[3] (Le rayon doré de l’élite du 9ième siècle), édition Dar Al-Jil, Beyrouth, 1992.

[4] « Tahdîb al asmâe wa loughât » l’imam An-Nawawi, edition Dar Al-Kotob Al-Îlmiya, Beyrouth, 2008.

[5] « Târîkh Baghdâd » (l’histoire de Baghdad) Al-Khatib Al-Baghdâdi, édition Dar Al-Gharb Al-islami, Beyrouth 2001.

[6] « Mou’ajam A’alâm An-Nisa’e » (Dictionnaire des femmes savantes célèbres) Omar Réda Kahala, édition  Mou’âssassat Ar-Rissâla, Beyrouth 2007

[7] « At-Tabaqat Al-Kobra» Ibn Sa’âd, edition Makatabat Al-Khaneji, 2001.

[8] « Siyar A’alâm An-Noubala’â », l’imam Chems-eddine Az-Zahabi, édition Mou’âssassat Ar-Rissâla, Beyrouth, 1996.

 http://www.zamanfrance.fr/article/femmes-erudites-qui-ont-marque-lislam-leur-empreinte-14832.html